Les joueurs de skat (en français, jeu de l’écarté )
Otto Dix. Huile et collage sur toile,1920
Galerie der Stadt, Stuttgart
Le peintre allemand Otto Dix (1891 – 1969) a été profondément marqué par la guerre à laquelle il a participé comme simple soldat. Aux expositions de 1920 et 1922, il se distingue par l’extrême violence dénonciatrice de ses toiles qui traduisent l’horreur de la guerre. Ses tableaux révèlent une violent critique de la société bourgeoise et du militarisme.
Sa dénonciation de la guerre apparaît dans le portrait de ces anciens combattants mutilés jouant aux cartes dans une taverne : ces hommes-troncs ont perdu leurs jambes au combat, leurs visages couturés et couverts de cicatrices évoquent « les gueules cassées » tandis que l’un porte un oeil de verre alors que l’autre est muni d’un appareil auditif posé sur la table. La croix de fer qui orne la poitrine du joueur de droite apparaît comme une récompense dérisoire pour la bravoure dont il fit preuve au front.
Dans ce courant artistique expressionniste, il exprime ses sentiments de révolte face aux souffrances de ces hommes, en s’appuyant sur la réalité mais aussi en caricaturant.
Dans les années vingt , la figure du soldat mutilé de guerre est très présente dans les pays européens, la moitié des démobilisés ayant été blessés plus ou moins gravement au combat. La guerre a profondément marqué les anciens combattants, de jeunes hommes qui portent des marques indélébiles dans leurs corps, leurs esprits, leur vie professionnelle ou personnelle
Dans les années trente, Otto Dix est nommé professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Dresde, il est attaqué par les nazis dès leur arrivée au pouvoir ( de nombreuses toiles sont brûlées lors d’autodafés ) puis il est chassé de son poste.
Quelles sont leurs blessures de guerre de ces invalides ?
D’après Otto Dix, la guerre a « déshumanisé » les hommes ( leur a fait perdre leur âme et leur corps) : qu’est-ce qui le montre dans ses tableaux ?
Grande parade sur la Place rouge à Moscou en juillet 1935
Défilé des Pionniers ( Jeunesses communistes)
Une des caractéristiques du totalitarisme est la mobilisation des masses au service d’une idéologie : les gymnastes dessinent sur le sol le marteau et la faucille, l’étoile rouge, symboles du communisme.
Goût pour les grandes parades parfaitement ordonnancées montrant la grandeur de la nouvelle société soviétique : des jeunes en bonne forme physique enthousiastes pour le travail et la défense montrant une unanimité populaire, un mouvement de masse en faveur du régime soviétique et de son dirigeant Staline. Le peuple d’hommes nouveaux uni autour du guide et des emblèmes nationaux : on flatte l’orgueil national
Présence du culte de la personnalité : le culte rendu à Lénine ( qu’il n’aurait pas approuvé ) : Staline a multiplié les gestes pour se faire passer pour son héritier, pour justifier son pouvoir à la tête du pays : deux photos démesurées en faveur d’un chef, d’un chef souverain qui applique sa politique.
On célèbre la gloire de Staline et celle de l’URSS placée sous sa protection.
– Quel est le but de cette parade sportive ?
Comment le rôle de Staline est-il représenté ?
L’ouvrier et la kolhozienne
Sculpture de Vera Murkina ( 1889 1953 ) réalisée en 1917 pour surmonter le pavillon soviétique de l’Exposition universelle de Paris qui reçut le prix Staline en 1941. Ce pavillon faisait face à celui de l’Allemagne nazie dont l’architecte ami d’Hitler raconte : « Le hasard voulut qu’au cours d’une de mes visites à Paris, je m’égare dans une salle où se trouvait la maquette secrète du pavillon soviétique. Sur un socle très élevé, une sculpture d’une dizaine de mètres de hauteur s’avançait triomphalement vers le pavillon allemand. Voyant cela, je conçus un cube massif, rythmé par de lourds pilastres, paraissant arrêter cet assaut tandis que du haut de la corniche de ma tour, un aigle, la croix gammée dans ses serres toisait du regard le couple soviétique. »
Le style monumental de l’architecture et de la sculpture de l’époque stalinienne manifeste la volonté de puissance du régime et participe également à l’entreprise de propagande
Le thème de l’ouvrier et de la kolkhozienne, de la faucille et du marteau consacre l’adoption de la Constitution qui proclame que l’URSS est « un état socialiste des ouvriers et des paysans ».
L’oeuvre est aussi la preuve du caractère moderne de l’industrie soviétique : l’acier inoxydable, nouveau matériau souple lui donne son brillant
Le traitement des corps et des visages est très traditionnel, la pose est théâtrale mais la taille et le dynamisme ( marche en avant, bras élevés ) donnent une fière allure.
– Quels messages dans l’oeuvre de Vera Mukhina ? – Peut-on rapprocher des affiches au style « constuctiviste » de cette sculpture ?
Qu’est-ce qu’une exposition universelle ? Donnez-en un exemple
Guernica , huile sur toile 351 *782 cm, 1937
Centro de Arte Reina Sophia, Madrid
Pablo Picasso (1881 – 1973 )
Ce tableau de P. Picasso évoque le bombardement par les avions allemands de la petite ville basque de Guernica , ville où siégeait autrefois le Parlement espagnol.
En juillet 1936, le général Franco prend la tête du soulèvement nationaliste contre le gouvernement républicain de gauche du Front populaire. C’est le début d’une guerre civile effroyable entre nationalistes ( partisans de Franco ) et républicains. Franco dirige ensuite personnellement la guerre, s’assurant l’aide de l’Allemagne hitlérienne et de l’Italie fasciste.
En avril 1937, les avions allemands envoyés par Hitler pour aider les nationalistes massacrent les habitants de Guernica,une petite ville basque au Nord du pays aux mains des républicains. Cet épisode est le prélude des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale car pour la première fois, les nazis ont bombardé des civils dépourvus de tout moyen de défense. Ils ont pu tester leur matériel de guerre : 44 appareils s’acharnent en 3 vagues successives . Les démocraties ont laissé faire. Après la victoire de 1939,Franco deviendra le « caudillo » (guide), le chef de l’état espagnol.
Guernica est le symbole de la tragédie espagnole et le tableau a pour but de témoigner des violences faites à la population civile et de dénoncer la tactique meurtrière employée par les franquistes et leurs alliés : en ce jour de foire, la ville fut transformée en brasier où 75 % des habitations furent détruites ou endommagées, 1654 morts, 889 blessés. Picasso, peintre célèbre réfugié à Paris découvre cet événement à la une du journal Ce soir et il cherche un sujet pour réaliser une grande composition commandée par le gouvernement espagnol pour le pavillon d’Espagne à l’exposition internationale de Paris. Il réalise des dizaines de croquis et il produit une peinture en noir,blanc et gris qui fait penser à un triptyque.
C’est un tableau d’histoire qui raconte un évènement du XX ème siècle C’est une prise de position politique car Picasso déclare en élaborant le tableau : « dans le panneau auquel je travaille et que j’appellerai Guernica, j’exprime clairement mon horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l’Espagne dans un océan de douleur et de mort ».
Picasso ne veut pas que son oeuvre soit exposée en Espagne pendant la dictature franquiste , elle ne reviendra au Prado qu’en 1981.
Relevez les éléments utilisés par Picasso pour montrer la violence de cette guerre et l’horreur des bombardements ?
Montrez que la réalisation de cette oeuvre est liée à l’histoire de l’Espagne et aux sentiments de son auteur.
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